Ceci est l’infolettre envoyée à mes abonnés le 07 mai 2012.

Le Conseil des Druides a encore abrogé !

Mes cher(e)s compatriotes,

L’heure est grave.
Vendredi 4 mai, une bande de 11 druides à la barbe blanche, que l’on nomme en Gaulle les « Sages », avec déférence, respect, et sans aucun second degré, a abrogé la loi sur le harcèlement sexuel qui existait depuis 20 ans. Cette bande de vieux gâteux – moyenne d’âge 75 ans environ – qui comprend 2 femmes juste pour la déco, fait la pluie et le beau temps en France, et nous en donne une fois de plus un parfait exemple.
Il y avait eu un précédent : la loi sur l’inceste a été élaborée au prix de mille difficultés, fruit d’une collaboration pendant des dizaines d’années entre des associations de victimes d’inceste et une parlementaire ; elle s’est heurtée à d’énormes réticences et blocages, comme tous les tabous. Cette loi a enfin été votée au Parlement après des débats (publics) le 28 janvier 2010. Et voici que le conseil des vieux gâteux, en deux coups de cuillère à pot, lors d’une réunion (non publique) qui n’aura certainement duré que quelques heures, a abrogé en septembre 2011 cette loi sous un prétexte fallacieux (le même que pour la loi sur le harcèlement sexuel), réduisant ainsi à néant le patient travail et la persévérance des associations de victimes, et sapant par là-même les espoirs des millions de personnes concernées. Huit mois plus tard, malgré les tentatives acharnées des associations, la loi n’a pas été remise sur le tapis parlementaire et il faudra probablement attendre encore longtemps.

Aujourd’hui, le Conseil des Vieux Gâteux remet ça avec la loi sur le harcèlement sexuel, démantelant sans vergogne une loi établie depuis 20 ans. Les Sages, c’est la crème de la crème en France : le top des politiciens, encore plus vieux et plus déconnectés de la réalité, si c’est possible, que les hommes politiques en exercice. Une bande de patriarches ardents défenseurs du pouvoir et du système patriarcal, dans leur ultime bastion, freinant, voire détruisant carrément toute avancée féministe. Ce que cette affaire nous révèle au grand jour, c’est aussi le fonctionnement oligarchique de la société française, les forces patriarcales agissant généralement dans l’ombre qui ont le pouvoir décisionnaire des lois en dernier ressort. Non, le simulacre démocratique d’hier ne doit pas nous leurrer : la société française n’est plus une démocratie (lire à ce sujet l’excellent livre « La démocratie anesthésiée, essai sur le nouveau visage du politique », de Bernard Vasseur aux éditions de l’Atelier).
Mais, comme pour DSK, cette fois-ci, par accident et croyance aveugle en leur impunité (cad le fait de ne jamais avoir de compte à rendre, étant, de par leur statut-même, au-dessus des lois) ils ont fait le geste qui les a propulsés sous le feu des projecteurs. Les associations féministes, dans une révolte spontanée, première historique, ont porté plainte contre le Conseil Constitutionnel. Chaque citoyen(ne) peut en faire autant, vous trouverez le modèle du PV en pj.

Ou du moins signer la pétition sur http://www.change.org/petitions/imm%C3%A9diatement-une-nouvelle-loi-r%C3%A9tablissant-le-d%C3%A9lit-de-harc%C3%A8lement-sexuel

Merci.

Amicalement,

Sophie Taam