Ce petit livre d’artiste a été imprimé en 5 exemplaires au Studio d’édition de la Villa Arson alors que j’y étais encore étudiante en décembre 2003. C’est également à cette occasion qu’est  né le concept d’ONANI [ Objet (non) artistique non identifié] avec un jeu de par la couverture qui permet l’ajout ou pas du N, laissant ainsi en suspens la question de savoir si l’objet est artistique ou non.

Il se compose d’une série de photographies numériques en noir et blanc prises sur la Promenade des Anglais à Nice en 2003 de couples se tenant la main. Chaque photographie découpée en ovale est accompagnée de la transcription de leur interview ( très bref, quelques lignes), au cours de laquelle ils évoquent, à ma demande, la première fois qu’ils se sont donnés la main.

Le texte d’introduction explique la genèse de l’idée :

Jeu de mains…

 

Un jour, j’étais dans l’autobus  et je regardais les gens marcher dans la rue. Brusquement, mes yeux se sont arrêtés sur un homme et une femme qui se donnaient la main. Je regardais les couples se donner la main et c’était comme si je découvrais ce geste pour la première  fois de ma vie, comme une extra-terrestre qui débarquerait sur terre et  ne connaîtrait pas ce signe.

Je me suis demandée si tous les couples se donnent la main, à quel moment d’une relation ils le font, s’il y a des couples où l’un souhaite donner la main, l’autre pas…

 Que signifie exactement ce geste ? Une certaine fierté d’exhiber la personne aimée, l’ostentation en public, le pacte ultime entre les genres. Est-ce que dans toutes les cultures, les couples se donnent la main ?

 Ce geste m’a paru soudain si riche et si miraculeux ; pour moi qui étais dans une longue période où, avec les hommes, nous nous croisions et nous loupions perpétuellement, tomber amoureux simultanément l’un de l’autre semblait aussi statistiquement improbable que le spermatozoïde rencontrant l’ovule.

Le premier miracle avant le bébé, lorsque l’amour me demeurait obstinément  inaccessible, était… de se tenir la main.