Le 1er juin 2005, suite à de longues péripéties, je transmettais le premier des 7 exemplaires de ONANI © 2 (Objet Non Artistique Non Identifié), sous le nom de Sophie Adam ( pour détails, voir ONANI 2). En juillet 2008, je lançai ONANI 3 en collaboration avec René Galassi  et ses « terres secrètes ».

ONANI 3 est la suite d’ONANI 2. Comme ONANI 2, celui-ci a eu droit au cours des trois dernières années à son habituel cortège de réjection de la part des éditeurs. Quelques réactions, ajoutées à celles envers ONANI 2, m’ont un peu éclairée sur les raisons : trop violent, socialement inacceptable. Peu à peu, malgré mon désir très vif de partage, j’ai intégré cette exclusion et acquis une conviction personnelle : les éditions, comme les institutions, sont les garde-fous de la société ; elles rejettent tout ce qui est susceptible de déstabiliser, remettre en question, révolutionner.

Avec le temps, j’ai accepté de me soumettre à ce jugement. Il restait donc ce livre écrit, important pour moi, mais socialement illisible. Voici trois ans que je cherchais quoi en faire. Je l’avais presque  oublié lorsque je rencontrai par hasard l’artiste René Galassi.

René Galassi me montra le premier jour quelques-unes de ses « terres secrètes », de petites peintures carrées montées sur socle et creuses dans lesquelles il insérait un livre, souvent ancien. Sur le dos de la peinture, il choisit et inscrit une phrase du livre. Lorsqu’on secoue « la terre secrète », on entend le livre remuer à l’intérieur. J’étais très touchée, et c’est seulement une semaine après que je fus frappée d’une révélation : c’était la solution à mes ONANI 3. Lorsque je revis René Galassi pour la seconde fois, je lui parlai de mon idée. Il avait eu le même désir en symétrique : que je lui confie un de mes livres pour ses « terres secrètes ». Le projet pouvait donc commencer : je découpai mon livre en sept (en référence à ONANI 2), pour m’assurer que si, un jour, les livres devaient être extirpés des « terres secrètes », le récit serait tronqué et donc bien illisible.